Le financement de l’innovation au sein des entreprises est un réel sujet. Bien souvent, il s’agit d’un budget annuel ventilé sur les différentes Directions Métiers et Supports. Mais en cours d’exercice, certaines Directions inspirées vont manquer de ressources pour mener des projets à fort potentiel. D’autres, au contraire, vont « cramer » leurs ressources sur des sujets secondaires. Et si on passait du mode « Comment bien utiliser mon budget innovation ? » à celui « Comment mieux investir dans les projets à fort potentiel pour l’entreprise ? ».

L’innovation est une nécessité de premier ordre pour les entreprises. C’est l’innovation qui permet de se démarquer de ses concurrents. C’est aussi l’innovation qui permet de réagir face à la menace d’un nouvel entrant qui vient disrupter son secteur d’activité. Et c’est encore l’innovation qui permet de garder le contact avec ses clients en s’adaptant à leurs nouveaux comportements et en répondant à leurs attentes en constante évolution.

Le digital exacerbe 3 caractéristiques de l’innovation :

  1. L’imprévisibilité : aucun secteur d’activité, aucune entreprise n’est à l’abri de l’irruption d’un nouvel entrant qui vienne rebattre les cartes et redéfinir les règles du jeu du jour au lendemain.
  2. La vélocité : la dématérialisation raccourcit les cycles de développement et de mise sur le marché des nouveaux produits et services.
  3. La transversalité : il ne s’agit plus seulement d’imaginer de nouveaux produits et services ou d’améliorer ceux existants, l’innovation touche également aux modèles de distribution et de commercialisation de ces produits et services, à la manière d’interagir avec les clients ainsi qu’à l’organisation et aux outils internes. En somme à tout ce qui contribue, directement ou indirectement, à l’expérience client.

Or, les entreprises ont tendance à financer l’innovation par des budgets déterminés a priori et ventilés dans les différentes Directions Métiers ou Supports. Ce mode de financement est adapté à des secteurs d’activités consolidés, stables et dont la croissance repose sur l’amélioration incrémentale des produits et services. Donc ce mode de financement de l’innovation est inadapté à la réalité à laquelle l’ensemble des entreprises est confronté aujourd’hui ! En effet, comment composer avec les 3 caractéristiques – imprévisibilité, vélocité, transversalité – détaillées plus haut en utilisant des ressources présentant des caractéristiques opposées : planification, annualisation, allocation ?

Le financement de l’innovation doit donc, comme d’autres fonctions de l’entreprise, gagner en agilité. Et c’est là qu’une Direction Administrative & Financière, dotée d’une vision stratégique, pourrait avoir un rôle à jouer. La DAF endosserait alors le rôle de Businness Angel au sein de la société. Tous les projets innovants lui serait présentés. Elle en évaluerait l’attractivité au regard des objectifs de l’entreprise, le potentiel de développement et de ROI afin de cibler les investissements sur les projets les plus prometteurs sur le fond et les mieux armés pour réussir (équipe, expertise, moyens techniques, timing, …). Les porteurs de projets innovants devraient lui rendre des comptes lors de revues régulières. Chacune de ces revues seraient l’occasion d’ajuster l’effort (à la hausse ou à la baisse) en fonction des avancements constatés, voire même de stopper au plus tôt les projets qui n’atteindraient pas les objectifs fixés.

La DAF deviendrait alors gestionnaire du portefeuille de projets innovants au sein de l’entreprise. En passant, sur le volet innovation, d’un rôle de gestionnaire de budget à celui de sponsor des initiatives à fort potentiel, elle prendrait une dimension supplémentaire dans le développement stratégique de l’entreprise et contribuerait à rendre l’entreprise plus agile en fluidifiant le processus de financement de l’innovation.