Lors de la dernière Nantes Digital Week, j’ai eu le plaisir de co-animer une intervention sur le thème “il est urgent de coopérer pour réussir sa transformation digitale”. L’occasion de revenir, entre autres, sur quelques définitions et d’évoquer en quoi la coopération, dans le contexte de fortes perturbations auxquelles les entreprises sont confrontées, pouvait contribuer au succès des projets de transformation.

Collaboration vs coopération

Collaboration, coopération, ces mots reviennent souvent dans nos jargons professionnels pour qualifier le travail en équipe. Il y a parfois un peu de confusion autour de ces termes alors qu’ils correspondent chacun à des notions bien déterminées dans le fonctionnement d’un collectif.

La collaboration

Collaborer, c’est mobiliser des équipes ou des individus autour d’intérêts communs : on collabore pour atteindre un objectif partagé (la réussite d’un projet par exemple). Au sein d’une entreprise, les collaborateurs sont mobilisés (ou sont censés l’être…) pour atteindre ensemble les objectifs de l’entreprise qui les emploie.

La collaboration repose sur 2 fondements :

  • La solidarité : les collaborateurs sont solidaires les uns des autres pour atteindre leur objectif commun. Autrement dit, si un collaborateur ou un groupe de collaborateurs failli, c’est la réussite collective qui est potentiellement remise en cause.
  • L’intérêt : les collaborateurs agissent par intérêt qui est de contribuer à l’atteinte de l’objectif commun pour lequel ils se sont tous engagés.

La coopération

Coopérer, c’est produire ensemble ou apprendre ensemble. Concrètement, ce sont des actions d’entraide, de partage, de réflexion en groupe, de co-réalisation de tâches ou encore de tutorat. Dans la coopération, il n’y a pas de notion d’ordre, de hiérarchie, de rôle ou de fonction : tout le monde est positionné sur un même pied d’égalité.

La coopération valorise les individus au sein d’un collectif et met en lumière leurs spécificités. Les moteurs motivationnels de la coopération résident dans la satisfaction que l’on retire à se mettre au service de ses pairs (j’éprouve de la satisfaction à aider l’autre ou j’éprouve de la satisfaction à apprendre à l’autre ou à apprendre de l’autre).

 

Quel rapport entre la coopération et la transformation digitale ?

On l’a vu, la collaboration repose sur l’organisation, la coordination des ressources de l’entreprise alors que la coopération repose davantage sur des pratiques informelles qui sollicitent autant les savoir-faire (hard skills) que les savoir-être (soft skills) des collaborateurs. Or ce sont justement ces pratiques informelles qui favorisent le développement de compétences collectives qui caractérisent la capacité d’apprentissage d’un collectif à travers une mémoire commune et l’effet d’expérience. En ce sens, la collaboration et la coopération sont complémentaires : la collaboration permet d’organiser les ressources autour d’un objectif commun alors que la coopération permet d’innover, d’améliorer en continue et de réajuster le fonctionnement du collectif.

Les transformations auxquelles les entreprises sont aujourd’hui confrontées, dont le digital est le catalyseur, mettent à rude épreuve la capacité d’apprentissage collective. En effet, la mise en place de nouveaux dispositifs digitaux va souvent bien au-delà de la formation à l’usage d’un nouvel outil. Les projets de transformation impactent les métiers en profondeur et redéfinissent de nouveaux objectifs individuels et collectifs. Ils doivent aussi prendre en compte les enjeux de développement de nouvelles compétences, de définition de nouveaux processus de travail et la révision des interactions avec les autres métiers.

Il est indispensable d’accompagner les collaborateurs dans la compréhension et dans l’appropriation de ces enjeux et objectifs sans quoi des décalages entre la finalité du projet de transformation et la réalité perçue par les collaborateurs apparaissent entraînant un risque d’échec du projet de transformation et un désengagement des collaborateurs. C’est là que les méthodes de coopération (travail en groupe, tutorat, entraide, …) peuvent apporter toutes leurs valeurs en contribuant à éviter ce double écueil.

 

Dans le contexte turbulent que nous connaissons, les entreprises doivent développer leurs capacités à innover et à gérer le changement, voire même chercher à faire de ces capacités des avantages concurrentiels. L’enjeu pour elle va donc consister à trouver le bon équilibre entre une organisation structurée, centrée sur la recherche de la performance opérationnelle, et des temps plus informels de coopération pendant lesquels les collaborateurs vont pouvoir développer leurs compétences collectives au service de l’innovation et des projets de transformation.